« Doit-on sourire ? »

Après l’affirmation généralement entendue quand le client arrive au Studio : « je ne suis pas photogénique », traitée ici dans un article précédent, c’est LA question !

Lors d’un reportage organisé par Le Monde (avec séance photo) concernant Rodolphe Saadé, DG de CMA-CGM, sa première question est : « Doit-on sourire ? ».

Sourire ou ne pas sourire en photo, telle est la question !

Et notamment l’une de celles que l’on me pose souvent lors de la séance de prises de vues.

Après avoir accueilli mon client, et qu’il soit éventuellement passé entre les mains expertes de la maquilleuse, je donne quelques conseils avant de démarrer le shooting.

Le but est de mettre en place un échange avec le modèle, qui est peu à l’aise en général.

L’un des aspects que j’aime bien en photo, c’est le côté humain. Et cela suppose notamment qu’il y ait un vrai échange entre le photographe et le modèle. Plus je peux établir un lien de confiance avec celui-ci, plus je serai en empathie avec lui. J’obtiens ainsi une direction de modèle adaptée et je vais pouvoir le guider lors des prises de vues dans la direction choisie, selon ses objectifs de communication (communiquer sur le professionnalisme, la réassurance, l’accessibilité, etc).

Par exemple, pour une photo qui va privilégier la recherche de relations clients, le sourire est un argument fort.

Pour une photo voulant véhiculer des valeurs de sérieux voire de combattivité, il n’y aura pas de sourire, et une posture ferme alliée à un éclairage plus dur et contrasté appuiera le propos.

Ou encore, pour une photo plus institutionnelle (conseil d’administration, fonctions régaliennes, responsabilités publiques, …), une posture qui évoque le pouvoir et le respect bénéficiera d’une image plus sérieuse, encourageant moins un sourire trop appuyé, tout en restant sympathique.

Avant de débuter les prises de vues, j’indique donc au modèle comment la séance va se dérouler, avec les différentes phases prévues, le conseiller sur les poses à adopter, … et sur la question qui nous occupe aujourd’hui : « faut-il sourire ? ».

C’est là que l’expérience et la sensibilité propres à chaque photographe interviennent ! Personnellement, je privilégie les photos (un peu) souriantes, tout en indiquant qu’il vaut mieux moins sourire que trop sourire.

Et selon le secteur d’activité du client, ses cibles, son positionnement, ses messages à faire passer, sa personnalité, je vais définir le style de photo adapté à ses objectifs de communication. Il n’y a donc pas de règle à appliquer dans 100% des cas …

En général, comme c’est pour des portraits professionnels, je conseille à mes clients d’avoir l’air un minimum avenant, sans trop sourire ni être trop sérieux, il faut trouver le juste milieu ! Et surtout, j’insiste bien sur le fait que le sourire doit être authentique, provenir de l’intérieur, et ne pas être réfréné … Au photographe de saisir le bon instant pour capturer le degré de sourire voulu !

Et, bien évidemment, je m’adapte au modèle ! Une personne naturellement très souriante le restera sur les photos, il faut qu’elle soit elle-même pour que la photo fonctionne. Dans l’autre sens, j’ai parfois des personnes qui me disent : « je ne souris jamais, vous n’arriverez pas à me faire sourire, je n’aime pas montrer mes dents, etc ». Afin de donner envie de la contacter, il faut quand même avoir l’air un minimum sympathique ! L’expérience et l’empathie du photographe permettent d’arriver à obtenir quelques photos un minimum souriantes, en complément d’autres photos plus sérieuses. Le client peut ensuite choisir librement la photo qu’il préfère, plus ou moins souriante.

L’essentiel est de lui donner le choix parmi photos avec des poses et expressions différentes, il trouve alors facilement la photo qui LUI correspond et LUI ressemble. On obtient ainsi une forte congruence entre son image et sa personnalité, pour une photo réussie, personnalisée et efficace !

A votre avis, si vous deviez faire réaliser votre portrait professionnel, opteriez-vous pour une photo souriante ou pas ?